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Ce groupe de recherche se consacre à l’étude d’agents environnementaux susceptibles d’être cancérigènes. En particulier, ses investigations portent depuis plusieurs années sur les effets toxiques des sels d’aluminium sur les cellules de la glande mammaire. Les sels d’aluminium sont présents à des doses relativement élevées dans plusieurs produits d'utilisation fréquente, dont la plupart des déodorants, les crèmes solaires et certains médicaments. Les travaux de ce laboratoire, in vitro puis chez l’animal, ont démontré que ces sels ne sont pas inoffensifs mais qu’ils induisent dans les cellules de la glande mammaire des altérations marquées récapitulant les étapes clé de la transformation maligne. Dans des tests toxicologiques conventionnels, utilisant des bactéries, les sels d’aluminium n’ont pas d’effet mutagène détectable.
Dans ses deux dernières publications, (Tenan et al., Int. J. Mol. Sci. 2021, 22, 9515 (https://www.mdpi.com/1422-0067/22/17/9515); Mandriota et al., Int J Mol Sci. 2020; 21:9332 (https://www.mdpi.com/1422-0067/21/23/9332) ) réalisées en collaboration avec l’Université d’Oxford, ce groupe de recherche montre que des cellules de mammifère – y inclus celles de glande mammaire – exposées in vitro à des sels d’aluminium, assimilent ce métal rapidement. Dans les 24 heures qui suivent, une instabilité génomique apparaît sous forme d’une altération dans la structure et le nombre des chromosomes.
Ce dernier effet est connu pour intervenir dans la transformation maligne provoquée par des carcinogènes avérés et confirme donc le potentiel cancérigène de l’aluminium sur les cellules mammaires.
Ces observations identifient pour la première fois un agent environnemental susceptible de rendre compte, au moins en partie, de l’inquiétante augmentation de l’incidence du cancer du sein dans nos populations. L’incrimination des sels d’aluminium n’est pas sans rappeler l’historique de l’amiante : une substance présente dans l’environnement, d’un coût négligeable, dotée de propriétés attractives pour l’industrie, et dont les effets délétères pour la santé ont échappé aux méthodes traditionnelles de dépistage toxicologique.
Ces travaux pourraient contribuer à aboutir à un ban de l’utilisation des sels d’aluminium par l’industrie cosmétique et permettre à terme de réduire la survenue de cancers du sein. Ils pourraient également convaincre les instances sanitaires de l’inadéquation des tests de dépistage toxicologique employés actuellement par le monde industriel pour introduire dans les chaînes agro-alimentaires et cosmétiques des agents potentiellement dangereux pour la santé humaine.
Le travail de ce groupe de recherche est rendu possible par le soutien d’une Fondation privée genevoise et par les subsides, actuels ou passés, d’un généreux donateur représenté par CARIGEST SA, de la Ligue Genevoise contre le Cancer, de la Fondation pour l’innovation sur le cancer et la biologie, ainsi que de donateurs privés.